Repères biographiques
Valérie Goutard (VAL) née en Mai 1967 a vécu une enfance et une adolescence partagée entre l’Europe, la France dont elle est originaire, l’Afrique et l’Amérique du Sud. L’appartenance à la communauté des hommes prime chez cette plasticienne et non la référence à une nation spécifique.
Pendant dix années, elle connaît une vie professionnelle dans le marketing entre Londres, Madrid et Paris lorsqu’en 2002 où elle fait une rencontre décisive avec la sculpture grâce à une amie qui désire lui montrer un autre chemin, une alternative.
Le choc de la révélation est tel que la passion éprouvée au contact de la matière ne la lâchera plus. C’est alors littéralement l’élan vers la matière, dans une délectation des sens et une fusion physique avec celle-ci.
Autodidacte, instinctive, elle fait son apprentissage en solitaire. Loin d’être ressenti comme un manque académique et technique, cela lui a donné une grande liberté de créer. Comme si le savoir pouvait être un frein, une sorte de poids qui pourrait l’entraver.
La connaissance peut en effet se révéler castratrice, étouffante si l’on n’ose pas la mettre à distance afin de pouvoir la réinjecter dans la création.
Cette impression extrêmement forte ressentie les premières fois en modelant la matière et le désir de prolonger le plaisir de faire surgir des formes du néant la pousse à abandonner progressivement tous les liens qui la contraignent. VAL est éprise de liberté, elle tranche un à un ses attachements matériels, sentimentaux ou culturels qui l’empêchent de vivre pleinement son désir de créer.
En 2004, elle quitte la France pour venir vivre à Bangkok et installe son nouvel atelier de sculpteur dans cet environnement stimulant qu’est cette mégapole asiatique bouillonnante où tout lui semble possible. Elle y rencontre son second mari qui deviendra son agent à partir de 2007. C’est, selon ses propres mots, la grande liberté qu’offre l’Asie et l’expatriation et cette rencontre avec son âme-sœur qui lui ont donné des ailes assez grandes pour devenir la sculpteure reconnue qu’elle est devenue en si peu d’années voyant son œuvre et son talent tant appréciés et véritablement aimés par des milliers de passionnés et collectionneurs d’art et de sculptures.
A partir d’Avril 2004, date à laquelle elle fait sa première exposition à Bangkok, le travail de VAL a été exposé de manière permanente dans des galeries à Bangkok au cours de l’année 2005, puis à la Wellington de Hong Kong Gallery en 2006, à la RedSea Gallery de Singapour et à la Galerie François Giraudeau en France en 2008 et ensuite à partir de 2009 en Chine et à Taiwan avec la Philippe Staib Gallery. Durant les huit années qui vinrent ensuite et jusqu’à la disparition tragique de VAL en Octobre 2016, suivront de très nombreuses autres expositions personnelles de ses sculptures et sa participation à de multiples et importants salons d’art contemporain partout en Asie dans les pays susnommés mais aussi en Corée, en Malaisie, en Inde, en Indonésie ainsi qu’en Australie et également en France, au Royaume Uni, en Belgique et en Hollande. Peu avant son décès, ses œuvres commencèrent aussi à être exposées aux États-Unis par la Galerie Simard-Bilodeau.
C’est après deux expositions personnelles en 2009 et 2010 à la Wellington Gallery et une autre intitulée Theater of life à la RedSea Gallery également en 2010, que VAL voit sa notoriété internationale de sculpteur s’envoler lors de sa participation très remarquée à la Shanghai Art Fair 2010 et dans le cadre du Jing’An International Sculpture Park Project avec la présentation de sa première sculpture monumentale intitulée Urban life. Durant les années qui suivirent cet performance tant saluée par la critique, elle enchainera de nombreuses expositions et installations publiques et créera des sculptures qui sont la signature même de sa vision créatrice et sculpturale et parmi lesquelles des pièces que l’on peut considérer comme les chefs-d’œuvre de sa vie d’artiste telles Conversation au parc II et New born child II (2010), Ville fantastique et Tango II (2011), Inle balance III et Eternal pillars (2012), Inéquilibre et Waiting III (2014), Flying lovers II et Attraction II (2015).
Cette période fut ponctuée par des moments clefs dans sa carrière dont l’installation de Finding soulmate II au Time Square Building à Hong Kong (2011), puis celle de trois grandes sculptures dont Inle balance II, au Sofitel Sukhumvit à Bangkok et d’une exposition personnelle au Art & Arch Museum à Taiwan (2012), puis l’installation publique de Waiting III à la New Square Tower à Taipei en 2014. En 2015, VAL fut lauréate de la section art du Trophée des Français de l’Étranger qui lui fut remis au ministère des affaires étrangères à Paris, elle installa aussi Inéquilibre à la Skysuite Tower à Singapour et conclura cette année particulièrement fertile par l’exposition Anatomy of a creative path à la fondation franco-chinoise Yish8 à Pékin.
Dès son installation en Thaïlande, VAL travailla exclusivement le bronze, médium d’œuvres ayant traversé l’histoire, comme la reprise d’un flambeau sur le sempiternel questionnement du sens de la vie. A partir de la mi-2015 cependant, elle découvre l’art ancestral de la verrerie avec les maîtres verriers de Murano. L’idée que dans ces œuvres les vides sont tout aussi importants que les parties solides en bronze, est essentielle pour VAL. Elle la formulait en parlant d’un rythme visuel. Le verre fut pour elle le moyen de donner une matérialité à ses vides en y amenant une part de sacré par l’apparition des trompes-l’œil qu’il génère naturellement. « Avec le verre, la réalité n’est pas ce qu’elle semble être » écrivit elle à ce propos. De cet apprentissage, elle créa Tenth eonian initiative de 2015 à 2016 cette merveilleuse collection de sculptures faites de verre, de bronze et de lumière. Parallèlement, elle commença aussi à sculpter Du chaos à la sagesse pour un collectionneur Taïwanais qui est l’œuvre la plus spectaculaire qu’elle ait réalisée avec une longueur de 36 m et une hauteur de près de 5 m.
L’année 2016 fut pour VAL une sorte d’apogée. L’Académie des Beaux-Arts de Chine à Pékin (CAFA) lui rend un rare hommage pour un artiste occidental en organisant une exposition rétrospective de son travail et son musée fait même l’acquisition de Autoportrait et Eternal pillars pour sa collection permanente. Elle réalise ensuite avec son mari la prouesse d’installer Ocean utopia sur les fonds marins de Koh Tao en Thaïlande. Cet ensemble sculptural se compose de trois pièces monumentales en bronze et béton marin ayant pour but la réimplantation de massifs coraliens disparus qui sont le troisième médium de cette œuvre. Enfin elle termine Du chaos à la sagesse et en commence la fonte en bronze. Celle-ci ne sera installée qu’en 2017 sur les hauteurs de Taichung (Taïwan) quelques mois après son décès tragique en Thaïlande en Octobre 2016.
Plusieurs installations post mortem importantes furent réalisées avec les sculptures de VAL dont Ville fantastique II au Parc Benjasiri à Bangkok en Février 2017 (donation à la ville du vivant de VAL), un parc de sculpture privé à Jouy-en-Josas (France) en Mai 2018 avec six de ses œuvres dont L’éteinte II et Attraction II et enfin l’acquisition d’une autre édition de Attraction II par l’Alliance Française de Bangkok en Octobre 2019.
Cette biographie ne serait pas tout à fait complète si elle n’évoquait pas la personnalité de VAL. Elle était un être solaire, le visage constamment irradié d’un sourire lumineux, empreint d’un humanisme et d’une bonté profonde. Val était atteinte du « syndrome de bonheur intérieur » qui apparait si clairement dans son œuvre.