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Vues académiques

Une exploration des mondes interieurs

Au cours des dernières décennies, plus précisément à compter des années cinquante, la sculpture a accompli de telles révolutions dans son processus de fabrication et sa projection philosophique, qu’il n’est plus loisible de la traiter en parent pauvre et de la confiner dans une aire immuablement définie.

Ainsi, de la modernité à la post modernité, de la société industrielle à la société post-industrielle, de la prégnance d’une pensée sociale et critique à la faillite des idéologies, nous assistons à une remise en question fondamentale de l’idée sculpture habituellement admise, avec, entre autres, l’appel au baroque, à l’aléatoire, à l’éphémère… consécutivement à l’emploi de nouveaux matériaux et à de nouvelles techniques, assortis d’une autre codification de l’espace.

Tout en préservant son autonomie, Val n’ignore rien de ces mutations, consciente dans ses propres avancées, du tribut qu’elle doit à ses devanciers. Par conséquent, délestée des impositions de la statuaire commémorative, des contraintes du bloc et du socle, la sculpture est passée du plan à l’espace en devenant signe, à l’aune de ses liens particuliers avec l’environnement. En marge, cependant, des tenants des formalismes, basés sur leur seule autosuffisance, beaucoup de sculpteurs revendiquent toujours un rapport de proximité avec le réel, autant qu’avec leur matériau d’élection. En s’interrogeant, par le biais de leur problématique, sur la place de l’homme dans notre société, ils s’interrogent parallèlement sur le destin d’une époque.

Une exploration des mondes interieurs

Au cours des dernières décennies, plus précisément à compter des années cinquante, la sculpture a accompli de telles révolutions dans son processus de fabrication et sa projection philosophique, qu’il n’est plus loisible de la traiter en parent pauvre et de la confiner dans une aire immuablement définie.

Ainsi, de la modernité à la post modernité, de la société industrielle à la société post-industrielle, de la prégnance d’une pensée sociale et critique à la faillite des idéologies, nous assistons à une remise en question fondamentale de l’idée sculpture habituellement admise, avec, entre autres, l’appel au baroque, à l’aléatoire, à l’éphémère… consécutivement à l’emploi de nouveaux matériaux et à de nouvelles techniques, assortis d’une autre codification de l’espace.

Gérard Xuriguera
Critique et historien de l’art

Gérard Xuriguera

Val est de ces artistes qui croient à la pérennité de la charge émotionnelle du visible. Depuis ses commencements, elle donne jour à des sculptures humanistes très stylisées, dont la symbolique renvoie à ce qu’elle porte en elle de plus enfoui. Mais ce qu’elle entend surtout capter, comme elle le souligne, ce sont des « moments », des moments saisis sur le vif, qu’elle fixe dans la structure perforée de ses armatures de bronze, de petit, de moyen ou de grand format, qui s’accordent à la fois à sa pulsion organisatrice et à sa quête d’absolu. Toutefois, au-delà de ses figures filiformes, mitoyennes de ses unités imposantes, dans leur autorité verticale, traversées par le souffle de sa verve spirituelle, Val ne cherche pas à dissimuler son inquiétude, taraudée par la tentative de communion entre ses personnages qu’elle souhaite associer, du moins conduire à davantage de fraternité. « Créer c’est ouvrir des portes en soi » commente-t-elle. [ + ]

Tout en préservant son autonomie, Val n’ignore rien de ces mutations, consciente dans ses propres avancées, du tribut qu’elle doit à ses devanciers. Par conséquent, délestée des impositions de la statuaire commémorative, des contraintes du bloc et du socle, la sculpture est passée du plan à l’espace en devenant signe, à l’aune de ses liens particuliers avec l’environnement. En marge, cependant, des tenants des formalismes, basés sur leur seule autosuffisance, beaucoup de sculpteurs revendiquent toujours un rapport de proximité avec le réel, autant qu’avec leur matériau d’élection. En s’interrogeant, par le biais de leur problématique, sur la place de l’homme dans notre société, ils s’interrogent parallèlement sur le destin d’une époque. [ + ]

Interview de Val par François-Bernard Mâche
31 mars 2014

F-B.M. : Dans vos données biographiques, vous évoquez une rencontre déterminante pour vous qui arriviez d’un tout autre monde que la sculpture. J’aimerais en savoir plus sur cette rencontre.

VAL : C’est une personne qui compte beaucoup pour moi, je la vois à chaque fois que je viens à Paris.

F-B.M. : Elle est sculpteur elle-même ?

VAL : Après une formation de commissaire priseur elle a fait de la sculpture, et aujourd’hui, elle dessine des bijoux. C’étaient des relations de voisinage au début, on s’est bien entendues. J’étais un peu bluffée par sa culture, que pour ma part je n’avais pas du tout dans le domaine ni de la sculpture, ni de la peinture, ni des antiquités. En fait, on a passé de vrais bons moments ensemble et, un beau jour, elle m’a fait faire de la sculpture, du modelage. Cela a été du coup comme une révélation. Mon amour pour la sculpture est né de manière complètement immédiate.

François-Bernard Mâche
Compositeur. Élu membre de
l’Académie Française des beaux-arts

François-Bernard Mâche

F-B.M. : Donc, à l’âge adulte ?

VAL : Oui, je devais avoir 33 à 35 ans.

F-B.M. : Sans qu’il y ait eu, pendant votre enfance des tentations de bricoler, comme chez beaucoup d’enfants …

VAL : En effet, et je n’ai jamais été repérée par aucun professeur de dessin (rires).

F-B.M. : C’est quand même assez extraordinaire, on dit en général que les sculpteurs sont des gens à la maturation lente, qu’ils n’y arrivent qu’à la cinquantaine. Vous, vous avez brûlé les étapes, vous êtes partie tard mais arrivée plus tôt que les autres.

VAL : Mais je pense que la maturité acquise lors de ma vie d’avant a été extrêmement importante, parce qu’il y a plusieurs choses : il y a les heures passées à son travail, mais aussi l’expérience personnelle de l’homme ou de la femme qui a quelque chose à dire, et je pense que toutes les années d’avant m’ont permis de brûler les étapes en termes de maturité de la personne. J’ai été prise par une espèce d’urgence et de nécessité de rattraper le temps perdu, ce qui fait que j’ai travaillé énormément, mais vraiment énormément, pendant les douze dernières années qui sont mes années de sculpture.[ + ]